critique Coast Guards, sortie le 20 décembre 2006

Publié le par Matthieu Deprieck

Full metal jacket en maillots de bain

 

Comme dans le chef d’œuvre anti-militariste de Stanley Kubrick, Coast Guards évoque la formation militaire de jeunes recrues avant de mettre l’une d’entre elles en scène sur le terrain. Mais quand Full metal jacket s’élevait dans les cieux du cinéma, Coast Guards touche le fond.

 

Selon le sous-titre, il faudrait « secourir ou périr », le spectateur fera très vite son choix : il se laissera couler à pic jusqu’à temps qu’un garde-côte, en l’occurrence l’ouvreur de la salle de ciné, ne vienne le sauver en le réveillant d’un coup de coude. Car on s’ennuie ferme dans Coast Guards. Sachant que les rares rebondissements du récit sont aussi visibles qu’un iceberg sur une mer d’huile, on s’interroge sur la pertinence des 140 minutes de film.

Au commencement de cette épopée, il y a une légende du sauvetage en mer : qui a dit Mitch Buchannon ? Non, ici, c’est Kevin glou-glou Costner qui n’avait plus connu l’océan depuis Waterworld et le souvenir d’un bide commercial et critique. Le vieux loup de mer perd toute son équipe en haute-mer, revient à terre pour former des jeunes recrues et rencontre le tout feu, tout flamme Ashton Kutcher, bien décidé à briller dans le monde des gardes-côtes. On se doute bien que le traumatisme de Costner va ressurgir (non, pas le souvenir de l’échec de Waterworld) et que les destins des deux héros vont se croiser, la chute de l’un répondant à l’irrésistible ascension de l’autre.

 

Histoire d’un naufrage annoncé

 

Finalement, la seule surprise de Coast Guards réside dans la construction du film : une première et longue partie consacrée à la formation d’une bande de jeunes (pour vous faire une idée de ce à quoi ressemble un groupe de jeunes gardes-côtes, habillez un boys band d’anoraks et jetez-les dans une piscine) puis les aventures du vieil homme, du jeune héros et de la mer, ramassés sur une grosse demi-heure. En ça, on pourrait songer à Full metal jacket. On pourrait si Andrew Davis, auteur d’un paquet de navets (parmi lesquels surnage Le Fugitif), possédait un minimum d’inventivité. Rien ne nous est épargné : la succession d’épreuves terribles sur fond de musique entraînante, le moment où les recrues font le mur, le discours père-fils entre les deux héros,…

Une fois installé dans les codes du genre, on pourrait également éprouver un certain confort intellectuel à suivre le récit mollasson. Oui mais voilà, à force de tout diluer dans le grand océan des bons sentiments, on perd le peu d’énergie dont dispose Coast Guards. Dommage pour un Kevin Costner plutôt convaincant qui parvient même à rehausser la tiédeur du jeu d’Ashton Kutcher. Il était décidément écrit que même le meilleur des gardes-côtes n’arriverait pas à empêcher le naufrage.

 

 

 

Publié dans Critiques cinéma

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