critique La colline a des yeux, sortie le 21 juin
La Colline a des yeux nest pas quun vulgaire clip. La photographie, glauque et ensoleillée (Aja prouve que les deux sont conciliables et que lhorreur ne naît pas que dans lobscurité), saffiche dès les premières secondes et soutient un final haletant et sanglant. Car La Colline a des yeux a aussi des tripes. Et malgré les efforts de la censure pour proposer lobjet le plus proche du tout public, le film reste brut, énergique, presque sauvage. A la différence de tous les récents films dhorreur, la violence nest ici pas gratuite. Elle vient punir une famille de ploucs du Middle west, parti en vacances dans un camping-car en plein Arizona. Ce désert se situe au croisement dun far west figé dans un ancien temps et dun no mans land apocalyptique détruit par danciennes expériences nucléaires. Comme chez Wes Craven, Alexandre Aja reprend les critiques contre une civilisation qui ignore ses contemporains, qui les broie pour avancer à grandes enjambées vers un avenir moderne mais incertain. Toute la distribution du film illustre ces personnages ratés nés dune société américaine à deux vitesses : un patriarche flic qui conserve tant bien que mal son autorité sur le cocon familial, un vendeur de téléphones portables presque tyrannisé par sa femme, une fille trouillarde et peste.
La Colline A Des Yeux nest pas quun tour de manège visant à simplement terroriser le spectateur. Le film montre que la vie, que laccès à lâge adulte passe par une élimination de ses parents. Théorie un peu brutale mais qui prend tout son sens quand le vendeur de portables se retrouve chef de famille, à mille lieues de la posture quil occupait dans la première demi-heure. Pour installer ces personnages, Alexandre Aja nhésite pas à avancer lentement, à montrer plusieurs dizaines de minutes sans quaucune goutte de sang ne soit versée. Les personnages prennent le temps de sinstaller, de se présenter aux spectateurs. Et tant pis pour les frustrés du gore qui rongeront leur frein dans lattente dun bras coupé, dune lacération sauvage ou dun jet dhémoglobine. La construction du film permet également aux acteurs de se montrer et de ne pas être que des futurs cadavres.
Au générique, les fans de la série télévisée Lost reconnaîtront Emilie de Ravin, la jeune maman Claire sur lîle déserte. Preuve que La Colline a des yeux nest pas quun défouloir, Alexandre Aja varie les plans, la vitesse dexécution, joue avec la mise en scène. Derrière les séquences de massacre, quelques plans contemplatifs du désert viennent rappeler que lhorreur naît du silence avant dy retourner.